Inkt est le mot néerlandais pour le français "encre". En flamand occidental, on trouve les formes inke et inte. Ces formes sont-elles le résultat d'une réduction du cluster nkt?
La réponse est non. Inkt est issu d'une forme de la région rhénane (Trèves), enket, qui trouve elle-même son origine dans le bas-latin encautum, encaustum du nom de l'encre rouge utilisée au Moyen-Age par les empereurs allemands pour signer.
La forme inke est empruntée à l'ancien français enca, enque (11ème siècle) et elle est commune à l'anglais qui a effectué le même emprunt. La vélaire k s'est transformée en alvéolaire t sous l'influence de l'autre alvéolaire n qui la précède pour donner la nouvelle forme inte.
Le même phénomène se produit lorsque le k précède le n, par exemple:
knyzen > tnyzen
knecht > tnecht (le k va même jusqu'à ne plus être prononcé du tout: den (k)nechtejoungen)
knaerzen > tnaerzen (écrit de cette manière par Moeyaert, Ryckeboer et Debrabandere, 2005, p.249 et 149)
ou sous l'influence d'une autre alvéolaire, ici r:
hurken > hurten (écrit de cette manière par Moeyaert, Ryckeboer et Debrabandere, 2005, p.128)
On a donc raison d'admettre les deux orthographes inke et inte en flamand occidental et de ne pas adopter la graphie néerlandaise inkt(e).
Sources:
M. Philippa e.a. (red.), Etymologisch Woordenboek van het Nederlands, Amsterdam: AUP, 2004-2009
Moeyaert, Ryckeboer et Debrabandere, Woordenboek van het Frans-Vlaams, Leuven: Davidsfonds/Literair, 2005
Oxford English Dictionary